(untitled) (2000)

À quoi ressemblerait un monde qui…

Treize ans après la création, Boris Charmatz reprend (untitled) (2000), la dernière production pour la scène de Tino Sehgal avant sa transition vers les arts plastiques. Le spectacle semble résumer ce passage d’une expression artistique à l’autre. La danse de XXe siècle y est exposée de manière théâtrale, comme dans un musée. Les chorégraphies et le regard qu’elles portent sur le corps et le charnel sont redéployés selon un nouvel ordre et une nouvelle esthétique. De manière tout à fait singulière, Sehgal met à nu la danse et interprète les différents styles du XXe siècle. Mais il va au-delà de la seule histoire de la danse et ouvre les questions : peut-on organiser la société comme la production d’une chorégraphie, par le biais d’un changement perpétuel de mouvements et la simultanéité de la production et de l’annulation d’une action ? À quoi ressemblerait un monde dont les valeurs de la société proviendraient de la danse ? En reprenant le spectacle treize ans après la première, on voit émerger de nouvelles qualités et de nouvelles perspectives qui permettent une nouvelle lecture.

• L’artiste germano-britannique Tino Sehgal a étudié la danse et l’économie politique. Depuis qu’il n’est plus actif dans le théâtre, on peut assister dans des musées et des galeries à ses créations « en direct » de situations qui évoluent et se développent en fonction des visiteurs. Ces derniers jouent ainsi involontairement un rôle dans les structures de ses œuvres, dont certaines font désormais partie des collections permanentes du Centre Pompidou à Paris, de la Tate Modern à Londres, et du MoMA à New York. L’œuvre qu’il a créée pour la dOCUMENTA 13 (2012) a été sélectionnée pour le prestigieux Turner Prize.