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Transmissions poétiques

Essay about Africa Is In The Future 2025 by Marie Umuhoza

16.10.25

Africa is/in the Future parle des contemporanéités afrodiasporiques et africaines à Bruxelles. Débuté en 2016 au Cinéma Nova sous forme de programmation de films de science-fiction africaine, Africa is/in the Future est depuis 2017 un festival pluridisciplinaire. Dans le cadre de « Africa is/in the Future », le Kaaitheater présentera How can water give birth to eternal fire? de Mackenzy Bergile les 6 et 7 novembre aux Kaaistudios. Vous trouverez ci-dessous l'essai de la programmatrice Marie Umuhoza. 

 

"Cette année, comme durant les neuf dernières, le festival s’engage à débuter d’une thématique transversale — la transmission, qui traverse les disciplines, les sensibilités et les mémoires. Le programme se déploie et fait écho aux quêtes à la restitution, à l'héritage, à la transmission vivante. Il ne s’agit pas simplement de passer le relais, mais d’un mouvement actif, d’un engagement esthétique et artistique. 

La transmission est ici une recherche en soi  —  un choix qui libère des intentions et des énergies. Elle ne se limite pas seulement à ce que l’on dit ou à ce que l’on fait, mais engage profondément ce que l’on est. C’est un passage, un écho, une matière en perpétuel mouvement. Elle sert également d’outil de résistance, de réinvention et de réappropriation, particulièrement pour les communautés afro-descendantes et afro-diasporiques. Alors la transmission devient un fil conducteur qui préserve, (ré)interprète et diffuse les héritages culturels de nos communautés. Elle soutient la narration collective, tissant des liens entre territoires et générations, entre ce que l’on sait, ce que l’on porte, et ce que l’on invente.  

Dans ce mouvement de transmission, la question de la responsabilité se pose. Comment porter les héritages invisibles, les traumatismes transgénérationnels, les non-dits qui nous traversent ? Nos appartenances sont complexes, parfois dissonantes ; il y a des absences à nommer, des mémoires à reconstruire, des langues à réapprendre, des gestes à inventer. Parallèlement, comment envisager les écarts et les échos entre les besoins de transmission des communautés diasporiques, et ceux des communautés vivant sur le continent africain ? Ce dialogue est essentiel pour construire des espaces d’affirmation collective, où les identités diasporiques cessent d’être perçues comme en décalage, mais comme des forces créatrices à part entière. Nous invitons artistes et publics à interroger la (re)construction identitaire du point de vue diasporique : comment préserver ce que nous n’avons pas — ou peu — connu ? 

Cette année, j’ai choisi de me rapprocher de ce qui me touche, sans mimer l’attirance. Je parle en “je”, car c’est à travers cette singularité assumée qu’un “nous” peut émerger. Le choix du mot “poétique” n’est également pas anodin ; il affirme une esthétique — une manière de faire résonner sans figer, de créer des formes qui accueillent plutôt qu’elles n’enferment. La poésie nous invite à questionner la tradition, non pas comme une résistance à la modernité, non pas pour l’effacer, mais pour l’habiter autrement. De plus, cette thématique souligne la nécessité de partager les vécus spécifiques et esthétiques des personnes Noires pour construire une mémoire collective et des identités communes. Elle met en avant le rôle crucial de la transmission pour préserver les luttes passées et inspirer les générations nouvelles et actuelles. 

Comme à chaque édition, le festival est ouvert à tou·xtes mais une invitation plus ciblée est envoyée aux personnes Noires et Afrodescendantes originaires du continent et des diasporas à Bruxelles. De plus, nous continuerons, comme lors des éditions précédentes, à mettre en lumière les initiatives & propositions artistiques des personnes/artistes Noir·es et Afrodescendant·es originaires du continent et des diasporas.”