From Word to Action To Architecture

Pionnier de l’art de la performance

Au cours de sa carrière, l’artiste new-yorkais Vito Acconci (1940) s’est vu attribuer plusieurs étiquettes : pionnier de l’art de la performance, maître de l’art conceptuel, « parrain de la transgression ». Il commence sa carrière artistique au milieu des années 60 en tant que poète. À l’époque, il voit la feuille blanche comme un espace à travers lequel auteur et lecteur voyagent. Plus tard, ses actions poétiques se déplacent du papier vers l’espace d’exposition, où elles se transforment en performances dans lesquelles il réfléchit à sa propre existence, à son être physique et psychique. Ses écrits constituent alors des instructions ou des descriptions d’actions qu’il exécute en personne. Ainsi, il suit des personnes – choisies au hasard – dans la rue (Following piece, 1969), ou répète des gestes banals, comme tenter d’attraper un ballon les yeux bandés (adaption study blindfolded catching, 1970). Dans un premier temps, il documente ses performances par des textes et des photographies, mais dès l’apparition de la vidéo il devient d’emblée l’un des pionniers de ce média. Sa performance la plus célèbre, seedbed, remonte à 1972 : Acconci, dissimulé sous une rampe de la galerie, se masturbe alors que le public circulant au-dessus de lui peut l’entendre à travers des haut-parleurs.

Tant dans les performances que dans les vidéos des années 70, le corps de l’artiste est toujours présent, que ce soit physiquement ou par le biais de projections filmiques ou de diffusions de son. Acconci est en quête d’une nouvelle définition de l’objet et d’un nouvel espace public pour des expériences partagées entre artiste et spectateur. Il repousse les frontières traditionnelles entre artiste et public, entre objet et événement, entre une œuvre d’art et son droit à l’existence dans un contexte spatial ou social. Au début des années 80, l’intérêt d’Acconci pour l’espace mène à la fondation de l’Acconci Studio. Il y réunit architectes et artistes pour élaborer ensemble des projets d’interventions majeures sur l’architecture et l’environnement.

S’appuyant sur les œuvres vidéo présentées à Argos, Vito Acconci donne une conférence sur son œuvre, de la poésie à l’architecture et le design en passant par la vidéo et la performance. Le pas à franchir d’un média à l’autre ne paraît pas si grand : l’accent se situe toujours sur le langage et le corps en relation à l’espace.