First Night

Un sommet de théâtre de vaudeville désastreux

« Mesdames et Messieurs, pendant que vous êtes ici ce soir, nous vous prions de tenter d’oublier complètement le monde extérieur. Essayez donc de ne penser à rien en dehors de cet espace. À rien d’autre. Essayez d’oublier les voitures, les réunions, les cigarettes, les accidents de trafic. Essayez d’oublier les naissances, les décès et les enterrements. Et les deuils. Essayez de ne pas penser aux poubelles et aux ordures dans la rue. Essayez de ne pas penser à l’agonie, à la déception et au sourire. Ni à la tristesse. Ni à l’amertume d’avoir commis une toute grosse erreur, et encore moins aux regrets d’avoir commis beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup de petites erreurs… »

La scène d’ouverture de First Night ne laisse subsister aucun doute : ceci est un spectacle signé Forced Entertainment. Huit comédiens occupent la scène. Imprévisibles. Entortillant. Agressifs. Reconnaissables. Sont-ils honnêtes envers nous ou jouent-ils un jeu ? Après quelques mots d’accueil chaleureux, tout dégénère rapidement en un tourbillon de sombres perspectives d’avenir, de scènes teintées de psychose et d’escapisme et d’insolites petits pas de danse.

Le jeu entre le comédien et le spectateur est l’un des chevaux de bataille de la compagnie : on commence par mettre le public en confiance, ensuite on l’invective et le trompe. First Night est du théâtre sur le fil du rasoir ; « déroutant, accessible et d’une drôlerie vicieuse » (The Guardian). Le spectacle a connu un beau succès lors de l’édition 2002 du Kunstenfestivaldesarts et est pour la première fois à l’affiche du Kaaitheater.