works by Peter Eötvös, Bruno Mantovani, Franck Bedrossian

C’est par l’opéra que le compositeur hongrois Peter Eötvös a conquis la célébrité : Le Balcon, Les Trois Soeurs, Angels in America...  Mais son  sens de la situation dramatique n’est pas réservé aux scènes lyriques. Comme il le précise lui-même, son art de compositeur se nourrit toujours d’intuitions théâtrales, de “situations” extra-musicales - et ce jusque dans sa musique de chambre.  Les premières notes de chacune de ses oeuvres sonnent les trois coups : une scène s’ouvre. 


Avec Intervalles-Intérieurs, un aimable quintette d’instruments acoustiques se fait littéralement fracasser par l’incursion de sons électroniques. Comme dans ces films pour enfants, où quelque savant fou adopte la taille d’un globule pour arracher au corps humain ses derniers secrets, l’auditeur est précipité dans une étrange machine à zoomer qui l’emmène dans les replis du son, là où l’admiration le dispute à la terreur.

Avec La Morte Meditata de Bruno Mantovani, on découvrira un jeune compositeur de la même eau : fermeté et clarté de la forme, qui se confond avec le projet dramatique; raffinement du détail et des phrasés; beauté imprévisible des couleurs (les jeux d’ombre et de mirages d’un pupitre de trois clarinettes...). 

Le musicologue Eric Denut postulait ceci : sans rien oublier de son insistante passion pour le “total sonore” - timbre et harmonie, acoustique et électrique, bruit et sons purs, communiquant par mille passerelles nouvelles - la musique contemporaine se laisserait aujourd’hui revivifier par un intérêt neuf pour le drame, la narration, l’argument extra-musical. Et si la musique savante, contre toute attente, entrait en son Age d’Or? Rien de tel qu’un théâtre pour vérifier cette hypothèse.

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