Het temmen van de feeks
La saison précédente, avec la compagnie Tg Amsterdam, le metteur en scène Ivo Van Hove a orchestré un cycle autour du couple, de la famille et des rapports entre hommes et femmes. Il a ainsi dirigé De Kruistochten (Croisades) tiré de la trilogie The Norman Conquests d’Alan Ayckbourn et Scènes uit een huwelijk (Scènes de la vie conjugale) d’Ingmar Bergman, tandis que Peter van Kraaij a mis en scène Bedrog (Trahisons) de Harold Pinter. Ivo Van Hove a clôturé le cycle avec son adaptation de Het temmen van de feeks (La mégère apprivoisée) de William Shakespeare.
The Taming of The Shrew date de 1590 et l’intrigue n’a pas la réputation de faire la part belle aux femmes. L’histoire brosse le portrait de deux sœurs : la douce et docile Bianca qui se conforme aux exigences de la société et de son père, et Katharina la rebelle, la mégère que l’on ne peut apprivoiser. Bianca ne peut convoler en justes noces avec Lucentio tant que sa sœur n’est pas casée. Mais qui voudrait épouser telle mégère ? Personne, jusqu’à l’apparition de Petruchio qui, à la stupéfaction générale et après un affrontement fougueux, parvient à apprivoiser la jeune rebelle.
Dans cette mise en scène, Ivo Van Hove donne de Padoue, où l’histoire se déroule, l’image d’une oasis de douceur : dans ce temple de la Renaissance, ce coin de paradis de la culture, la vie s’avère toutefois strictement régie par les lois et les coutumes. L’argent, tout comme le pouvoir et le statut qui en découlent, détermine le cours des choses. Les pères se conduisent en marchands avec leurs filles et la hiérarchie la plus stricte règne jusque chez les domestiques. Cette image ne s’efface, temporairement, que lors du carnaval. Les frustrations trouvent alors un exutoire et chacun peut se déguiser en la personne qu’il aurait tant aimé être. Le masque de tolérance et de civilisation de Padoue tombe et tout le monde peut étancher sa soif d’anarchie. Voici la toile de fond de l’affrontement qui oppose Katharina et Petruchio avant de se transformer en amour : un amour entre le bourreau et sa victime, entre le maître et son valet, mais un amour dans lequel ils trouvent réciproquement le seul être avec lequel ils peuvent vivre cette vie.
Hafid Bouazza l’auteur e. a. de Paravion (lauréat du prix Gouden Uil 2004 aux Pays-Bas) a traduit la pièce pour Tg Amsterdam.
texte William Shakespeare
mise en scène Ivo van Hove
traduction Hafid Bouazza
avec Roeland Fernhout, Fred Goessens, Hans Kesting, Marijn Klaver, Hugo Koolschijn, Alwin Pulinckx, Halina Reijn, Karina Smulders, Leon Voorberg, Benjamin de Wit, Inge Van den Ende
scénographie, concept lumières Jan Versweyveld
concept son Marc Meulemans
concept costumes Lies Van Assche
dramaturgie Alexander Schreuder