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Savoir plus - Solos and Duets

Feuille de salle
19.04.22

Ici vous trouvez une déscription courte du spectacle et le générique.

 

« Nous sommes accros au démantèlement des choses »

Un entretien avec Meg Stuart par Aïnhoa Jean-Calmettes et Jean-Roch de Logivière. Initialement publié dans Mouvement en mars 2018. Édité et condensé.

A croiser les disciplines, la chorégraphe américaine Meg Stuart a toujours su repousser les limites de la danse contemporaine. Qu’il s’agisse de tendre le miroir là où ça fait mal, ou d’altérer les consciences de ses spectateurs, elle continue de croire au pouvoir critique de son art.

Il y a quelques années, votre travail a été qualifié de « danse du désastre et du désenchantement ». Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?

« Je n’ai pas peur de m’attaquer à une face sombre de choses qu’il serait plus facile d’ignorer, à notre rapport au corps ou à notre condition humaine, je n’ai pas non plus peur de mettre le spectateur dans une position inconfortable. Mon travail est teinté d’urgence, mais je ne fais pas seulement le constat du chaos, et j’ai toujours été persuadée que mes pièces étaient, au fond, traversées par un désir de changement. La danse est un médium important parce que critique, un médium qui décortique les contradictions et qui résiste aux définitions simplistes. La danse ne réfute pas la complexité. Au contraire, elle en reconnait les bienfaits et nous pousse à l’épouser. Toutes les vérités portent en leur sein leur contraire.

Dans mes premiers travaux, je trouvais plus compliqué de trouver des solutions. Parfois, j’ai le sentiment qu’on est tous accros à la douleur. Accros au démantèlement des choses et au chaos. On n’espère qu’à moitié trouver des issues. Je ne dis pas qu’il faut exclusivement fuir le confort et la facilité, mais il est important de viser un but supérieur : pas uniquement la « danse du désastre », mais une sorte de responsabilisation, de désir de changement et d’espérance. Il est très important d’être force de proposition en plus d’être critique.

Qu’est-ce que la danse et le travail chorégraphique vous enseignent encore aujourd’hui ?

« On ne danse jamais en ayant l’impression de changer la perception ou le rapport au temps des gens, ou bien de leur apprendre que l’on peut exister dans des dimensions différentes. Néanmoins, à travers l’improvisation, la transe, à travers des états, ou la reproduction d’un geste, on peut se rapprocher physiquement d’états décrits par les neurosciences, la physique quantique ou la recherche sur la mémoire. La danse a un pouvoir thérapeutique, évidemment, mais danser permet aussi de transformer notre rapport au monde ou d’altérer nos consciences en réveillant l’intelligence du corps. C’est assez euphorisant, et je pense que la plupart des gens ignorent cette capacité de la danse à transformer le réel. On danse pour le même genre de raison que certains prennent des drogues. Je suis persuadée que poser les questions spatialement et physiquement et d’essayer d’y apporter des réponses à travers le corps, et dans des espaces construits, permet de changer la compréhension de ces interrogations. Je crois que cela peut nous rendre plus ouverts et compassionnels, nous apprendre à mieux écouter et mieux regarder. Mes créations artistiques gardent toujours un œil sur la transformation des rapports sociaux.

Est-ce aussi vrai des arts visuels et du cinéma, ou spécifique à la danse ?

« Je m’intéresse à comment la danse pourrait communiquer avec d’autres pratiques artistiques, et je pense que cette transcendance est nécessaire. Il est important de s’attacher à une définition large du mot danse. Le langage est sans fin, illimité. Notre compréhension de la notion de danse se doit d’être assez souple. 

La danse contemporaine pourrait-elle être définie par l’intensité ou la qualité du mouvement, plutôt que par le mouvement lui-même ? Alors enfiler une robe pourrait être de la danse.

« Il y a mille façons de se déplacer, et plusieurs qualités de mouvement. La façon dont les gens exploitent le mouvement aujourd’hui me laisse un peu sceptique. Avant, c’était très traditionnel – Cunningham ou Trisha Brown, par exemple, avaient des modes très clairs, des espaces définis dans lesquels rechercher le mouvement. Évidemment, les spécialistes voudraient que la danse mimique le mouvement de la vie quotidienne. Ce qui m’intéresse, c’est le langage gestuel fait d’états physiques et émotionnels, de mouvements contrôlés ou incontrôlables, le résultat d’émotions intenses.

Tout est danse ?

« Non, pas tout. Tout est mouvement, dans sa façon d’être pensé, réalisé, compris.

En 1994, à l'invitation du S.M.A.K. à Gand, vous avez participé à un projet intitulé : This is the Show and the Show is Many Things. Qu’est-ce qu’un spectacle n’est jamais ? Il y a-t-il des choses que vous refusez absolument d’inclure dans vos spectacles ?

« Il serait intéressant de se demander ce qu’il reste de mes premiers spectacles dans mes dernières créations. J’ai fait ma première pièce en Europe il y a plus de 20 ans, j’avais alors 26 ans. Aujourd’hui, je m’intéresse encore à la vulnérabilité, j’essaie toujours de créer des espaces qui poussent au questionnement sans vouloir à tout prix apporter des réponses, sans fournir de résolution. Mais il y a quelque chose que je n’aime vraiment pas, c’est de voir des danseurs qui ne sont pas dans leur corps. Ses mouvements peuvent être abstraits, ou ultra esthétisés, le danseur doit respirer la vie, être sensible. Il ne doit pas être vide ou toujours en démonstration.

Nous sommes sur Terre pour nous élever mutuellement, spontanément. C’est notre but ultime. Il faut parfois savoir irriter son public, lui mettre un miroir là où ça fait mal. Quand d’autres fois, il faut lui proposer des alternatives. L’art a le droit de se tromper, mais il ne faut pas tomber dans le politiquement correct ou se confiner aux schémas classiques. Le résultat est parfois perturbant et le spectateur peut ne pas être d’accord.

Qu’est-ce que vous auriez été si vous n’aviez pas été chorégraphe ?

« Je n’en sais vraiment rien ! Une photographe ? Une religieuse fanatique ? Une SDF ? Une psychotique ? (Rires) J’avais seulement deux désirs : parcourir le monde et devenir une « guérisseuse »... Mais je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! »

 

List of solos and duets

Inflamável

In Inflamável, Meg Stuart collaborated with costume designer Jean-Paul Lespagnard and performers Vânia Rovisco and Márcio Kerber Canabarro, to create a performance that plays with images of fame, risk and vulnerability. Two bodies writhing through a desolate landscape; a duet on the border of pride and loss, success and decline, disillusionment and the lure of the unattainable.

Inflamável arose as part of The Greatest Show on Earth (2016), a collaboration between the Hamburg Internationales Sommerfestival Kampnagel and Künstlerhaus Mousonturm (Frankfurt am Main).

Concept and choreography Meg Stuart
Created with and performed by Vânia Rovisco, Márcio Kerber Canabarro
Costumes Jean-Paul Lespagnard
Live music les trucs (Charlotte Simon and Toben Piel)

 

oh yeah huh 

In her third evening-length piece No One is Watching (1995), Meg Stuart continued to develop her early practice of distortion and fragmentation. One of her darkest pieces, she staged a scarred love story for six dancers, stripped of any form of tenderness, warmth or intimacy. In this excerpt, Claire Vivianne Sobottke performs a short solo to a soundtrack by Vincent Malstaf. We see a body searching for meaning, confusing intimacy with lust and love with pain.

Choreography Meg Stuart
Performance Claire Vivianne Sobottke
Initially performed by Meg Stuart
Sound design Vincent Malstaf

 

Dust

In Built to Last, a group piece created in 2012, Meg Stuart works with elements of universalism, timelessness and monumentality, set to a classical and contemporary score. For this excerpt, Maria F. Scaroni used the 1978 video of Yvonne Rainer’s Trio A, produced by Sally Banes, as a starting point. First performed by Rainer in 1966, and since then reinterpreted and reinvented by various dancers and choreographers, the piece is an allusion to how art can survive as a living archive, as a constant work-in-progress.

Choreography Meg Stuart
Created with and performed by Maria F. Scaroni
Live music Jordan Dinsdale, les trucs

 

Signs of Affection

Signs of Affection was created in 2010 within the frame of the ArtCena festival in Rio de Janeiro. After spending time in a studio to research material for VIOLET (2011) and while getting impressions of the city, Meg Stuart made this short solo as an act of erasure and devotion. In a powerful blur of emotions, the intensity of the movements gets framed to the hands and the head. An explosive drum solo partners the performance, which fades out in a series of sensorial sculptures and a resonating silence.

Choreography Meg Stuart
Performance by Márcio Kerber Canabarro
Initially performed by Meg Stuart
Music Brendan Dougherty
Live percussion Jordan Dinsdale

 

Duet from UNTIL OUR HEARTS STOP

In this excerpt from the 2015 piece UNTIL OUR HEARTS STOP, Maria F. Scaroni and Claire Vivianne Sobottke explore the borders of social contact and touch. In a playful horseplay they exert control over their bodies, their identities and the gaze of the audience, making a statement on womanhood and how their bodies are perceived by others and themselves.

Choreography Meg Stuart
Created with and performed by Maria F. Scaroni, Claire Vivianne Sobottke
Original music Paul Lemp, Marc Lohr
Live music Jordan Dinsdale, les trucs