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Radouan Mriziga

Entretien
22.12.16

Le chorégraphe et danseur Radouan Mriziga a étudié la danse à Marrakech, puis en Tunisie, et ensuite à PARTS, à Bruxelles. Intéressé par la relation entre le corps et son environnement, c’est l’architecture qui constitue le fil rouge à travers son oeuvre. « Pour moi, l’important est d’avoir la liberté de présenter mon travail dans des contextes différents et d’être surpris de constater à quel point chaque contexte peut ajouter quelque chose au travail. »

Comment en êtes-vous venus à vous intéresser à la danse et pourquoi vous a-t-elle amené du Maroc à Bruxelles ?

Mon intérêt pour la danse m’est venu de manière assez organique, bien que la danse contemporaine n’ait pas fait partie intégrante du contexte dans lequel j’ai grandi. J’ai toujours pratiqué plusieurs activités physiques : différents sports et de la street dance. Au départ, la danse était un intérêt parmi d’autres, mais j’ai rapidement eu envie d’en faire une pratique quotidienne. Au Maroc, il n’y avait cependant pas de scène de danse – ni subventions ni écoles d’ailleurs –, donc il m’a fallu développer ma propre pratique. À un moment donné, j’ai rencontré deux artistes qui allaient devenir mes premiers véritables mentors, Jacques Garros et Jean Masse. Ils ont animé un atelier à Meknès (Maroc) et m’ont suggéré de m’inscrire dans une école de danse en Tunisie, où l’on m’a transmis l’importance du travail corporel et une connaissance scientifi que de l’anatomie. Cela a eu un grand impact sur mon éducation artistique. Après la Tunisie, je suis parti en France poursuivre mes études avec Jacques et Jean, mais j’ai senti qu’il me fallait d’autres perspectives. J’ai entendu parler de PARTS, j’ai posé ma candidature et je suis venu à Bruxelles. Ce qui m’a attiré à PARTS, outre la formation technique, était l’accent mis sur la chorégraphie et la performance, et une façon différente d’aborder la théorie que celle qui m’avait été proposée dans mes formations précédentes. À PARTS, la notion de théorie était très étendue et ouverte et devenait ainsi une source possible de spectacle. La combinaison de différentes formations m’a bien convenu, moi qui n’ai jamais aimé l’idée d’être coincé dans une seule conception. Chaque formation m’a poussé vers la suivante, sentant chaque fois qu’il me fallait réagir à quelque chose de spécifique, continuer à chercher, découvrir un nouveau mode de pensée.

Votre évolution de danseur vous a mené vers un autre continent. Comment donnez-vous corps à la distance entre votre lieu d’origine et votre contexte de vie actuel ?

J’aime vivre et travailler à Bruxelles, mais depuis que j’ai achevé mes études à PARTS, je ressens le besoin de ne pas me produire exclusivement en Europe occidentale. Mes antécédents culturels sont en partie le berceau de mes intérêts et de mon inspiration, donc il me faut rester en lien avec cette part de moi. À l’heure actuelle, il y a plus de possibilités pour la danse au Maroc. J’y établis un bon réseau et je travaille à différents projets.

Quels sont les principes clés de votre pratique artistique qui résonnent dans toutes vos créations ?

Une question importante pour moi est de savoir comment me servir de la danse et de la chorégraphie en tant qu’outils pour aller au-delà de ces disciplines. Je m’intéresse à l’exploration de la connaissance du corps et du mouvement pour pouvoir produire de nouvelles choses et développer un rapport différent à l’environnement direct. Cette question est récurrente depuis le début de mon parcours artistique. D’autres strates s’y sont ajoutées de manière organique. Par exemple, mon intérêt initial pour l’édifi cation et la construction en tant qu’actions m’a amené à effectuer des recherches sur l’architecture et les mathématiques. Dans l’architecture arabe, les mathématiques jouent un rôle symbolique. À partir de là, j’ai élaboré des idées sur la relation entre le mental, le corps et l’esprit, ce qui est devenu la part essentielle de ma création artistique.

 

Radouan Mriziga en conversation avec Esther Severi