PAY WHAT YOU CAN - de l'expérience à la politique
Dans le cadre de notre projet à long terme "How to Be Many", le Kaaitheater a lancé une expérience de vente de billets "Pay What You Can" l'année dernière.
À partir de septembre 2022, il ne s'agira plus d'une expérience, mais d'une politique.
Nous avions besoin d’informations afin d’évaluer l'expérience. Pour ce faire, nous avons donc annexé une mini-enquête en ligne à chaque achat de billet (total de 9 753 achats entre septembre 2021 et fin avril 2022). Nous avons demandé leur âge aux spectateur·ices, la fréquence de leurs visites au Kaaitheater, s'iels appréciaient le système "Pay What You Can", etc. Il était également possible de nous laisser un message et ce sans obligation. Beaucoup d'entre vous ont profité de cette opportunité. Nous avons apprécié la lecture de ces messages, merci beaucoup !
"Je trouve que c'est une expérience fantastique et je suis curieux de voir comment elle va évoluer !".
Nous sommes à présent heureux·ses de partager ici nos conclusions après cette année d'expérimentation.
6 raisons de continuer
1. La solidarité en pratique.
Grâce à ce système "Pay What You Can", se rendre au théâtre est devenu plus accessible pour un groupe important de personnes. Il a non seulement permis à 22 % des personnes interrogées de fréquenter plus souvent le Kaaitheater, mais il a également convaincu 19 % d'entre elles d'acheter un billet.
"J'ai l'impression que le Kaai reconnaît vraiment que nous vivons dans une société inégalitaire et qu'il essaie de rendre l'art accessible au plus grand nombre. Je pourrais me permettre d'aller au théâtre une fois par semaine à ce prix alors qu’avant, c'était une fois par mois".
“Je trouve ça bien tant que le théâtre a assez de moyens pour fonctionner.”
"Si ça marche, ça ne me dérange pas de payer un peu plus pour que ceux·celles qui ont moins de moyens puissent payer moins, mais est-ce que ça marche ?".
2. Les recettes de billetterie restent stables.
Le revenu moyen par siège payant est atteint. Principalement parce qu'il y a suffisamment de personnes qui ne choisissent pas les catégories de prix les plus basses mais paient le prix suggéré ou même davantage. La réaction du public l'indique également : "Une incitation à payer plus." et "Une idée super et généreuse. Et j'ai payé le plein tarif. " Donc, ça marche. Aussi parce que nous avons réduit le nombre de billets gratuits, et que nous n'utilisons pas d'abonnements ou d'autres réductions.
3. Un grand intérêt de la part des collègues nationaux·les et étranger·ères.
Beaucoup sont curieux·ses de l'expérience et envisagent à leur tour d'introduire le système (partiellement). Grâce aux enquêtes et à nos propres données, nous pouvons partager les résultats avec le milieu professionnel. Beaucoup suivent à présent notre exemple.
"Une idée fantastique ! J'aimerais voir cela aussi dans d’autres institutions culturelles."
4. Un nombre étonnamment élevé de jeunes et de nouveaux publics.
25 % des personnes qui ont répondu viennent pour la première fois, et depuis décembre, 11 % viennent pour la deuxième fois. Nous espérons donc pouvoir attirer progressivement un nouveau public. 45% des personnes qui ont répondu ont moins de 35 ans. Nous attribuons cette tendance à une interaction entre la politique tarifaire et les offres elles-mêmes : nous invitons des organisations qui créent leurs propres programmes, et ajoutons également nous-mêmes de nouveaux accents à la programmation.
5. Encouragements du public.
Des nombreux signaux courts et puissants tels que "Excellent !", "L'avenir !", "Superbe !", "Top" et "MERCI", aux compliments tels que "Audacieux". Un système de confiance qui est vraiment apprécié." Ou encore "C'est une façon démocratique d'accéder à la culture, on adore." À "Très bien, inclusif pour tous·tes, et, d'une certaine manière, responsabilisant." En bref, le système est accueilli très favorablement.
6. Remise du prix Most Audacious Project Award de Visit.Brussels
Ce prix confirme que, outre les nombreux votes reçus du public, un jury professionnel composé de membres du secteur du tourisme, du monde universitaire et de la presse, a non seulement trouvé le projet audacieux, mais lui a également offert un avenir durable.
3 choses que nous ferons différemment
" C’est très ennuyeux de devoir remplir cette enquête à chaque achat."
Nous abandonnons l'enquête obligatoire, mais il sera toujours possible de réagir à notre politique de billetterie. Nous remercions tout le monde de l'avoir remplie au cours de l'année écoulée ; elle nous a beaucoup appris et nous a aidé·es à défendre notre politique.
"Ce serait intéressant de savoir quels sont les résultats !"
Nous continuerons à partager les résultats et les idées sur "Pay What You Can" avec le public, notamment sur le site web.
"C'est agréable, mais aussi assez contraignant et joue quelque peu sur un sentiment latent de culpabilité (même si je ne suis pas sûr que ce soit une si mauvaise chose)."
Ce retour d'information a conduit à de légers ajustements dans notre notice. Nous voulons être aussi précis·es que possible dans nos motivations, sans stigmatiser les gens. Mais nous ne pouvons pas éviter le fait que le système implique une auto-réflexion. Ou comme l'écrit ce visiteur :
"Cela me fait penser à l'argent de manière complètement différente."
3 remarques récurrentes qui méritent une réponse
"Je voudrais reprendre un abonnement"
"Je trouvais le système précédent avec les abonnements meilleur et certainement démocratique aussi".
Les abonnements présentent de nombreux avantages, tant pour le Kaaitheater (vente anticipée d'un plus grand nombre de billets) que pour le·la visiteur·euse (planification et engagement à l'avance, réductions intéressantes). Toutefois, ces réductions ne sont lucratives que pour les visiteur·euses qui viennent souvent. C'est pourquoi le Kaaitheater souhaite offrir chaque billet selon un tarif PWYC (Pay What You Can), afin de donner à chaque visiteur·euse potentiel·le la possibilité d'acheter un billet en fonction de ses moyens.
"J'adore ça ! Mais j'ai toujours tendance à payer moins que je ne devrais, donc ce n'est peut-être pas le plus avantageux ;-)"
"C'est très difficile d'estimer ce qu'est un prix juste".
Tout d'abord, les différentes catégories de prix que nous utilisons sont liées au prix de revient du spectacle. Une représentation dans une grande salle, avec beaucoup de support technique ou d'interprètes, est généralement plus chère qu'une petite représentation. Cela se reflète dans les options et le prix suggéré. Deuxièmement, votre choix de prix ne reflète de votre appréciation du spectacle, mais est lié à la somme que vous - quel que soit votre âge - pouvez payer pour un spectacle d'une certaine catégorie (grande salle, international, petite salle, conférence, etc.). Troisièmement, il existe une astuce simple pour éviter de s'inquiéter : le prix de la suggestion ! Des commentaires comme "le prix de la suggestion est un indicateur de prix pratique". et "Heureux qu'il y ait une suggestion de prix. " le démontrent.
"10 euros c'est déjà cher pour certaines personnes, en fait." Outre les options de PWYC, des tarifs plus avantageux sont possibles par le biais d'Arsène50, Paspartoe, etc. Vous trouverez des informations à ce sujet sur le site web. Vous ne pouvez pas acheter ces billets en ligne, mais vous pouvez les réserver par téléphone ou par email.
"J’ai toujours un prix réduit pour les étudiants ou les chômeurs". 10 euros était le tarif étudiant le plus bas avant que nous mettions en place le système PWYC. Grâce à PWYC, les non-étudiant·es peuvent également bénéficier de ce tarif.
" Je trouve que les prix online sont trop élevés." Les programmes en ligne ont également un coût (honoraires des intervenant·es, des curateur·ices, des contributions artistiques). L'enregistrement et l'organisation d'un streaming engendrent des coûts supplémentaires. Nous veillons, entre autres, à ce que la qualité de l'image soit élevée. C'est pourquoi nous lions également les billets payants au programme en ligne. Les possibilités de paiement sont moins plus basses que pour les spectacles.