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Nkisi

Feuille de salle
26.04.23

Ici vous trouvez une description courte du spectacle et la distribution.

 

 

Je suis un esprit qui parle, qui intimide et résiste aux autres esprits malveillants
Mieux je les écrases, d’où qu’ils viennent, quoi qu’ils appellent
Je suis un esprit libre, un esprit qui questionne l’univers
Je suis un esprit qui danse
Eli Eli Lama Sabatani
– Papy Maurice Mbwiti/ Montréal -fev.2023

 

Jolie Ngemi sur son spectacle.
fragments de sa note intention pour Nkisi

(...) Les rois congolais, appelés Mfumu, avaient recours aux services de ces femmes magiciennes et médiatrices des forces occultes [les Nkisi, ndlr.] pour prévenir des malheurs, des épidémies, et pour réaliser des rituels magiques pour sauver le pays. En retrouvant ces histoires dans mes recherches, je me suis identifiée à la bravoure de ces femmes. J’ai également réalisé que j’étais descendante de la même tribu qu’elles, dans les régions de Bagata et du Kwilu, dans le sud du Congo.

Ayant grandi dans la capitale Kinshasa, je ne m’y suis jamais rendue mais mon père m’a enseigné la langue de cette région : le Kimbala.

Origines du projet 

Depuis mon plus jeune âge, mon image des femmes africaines a toujours été conditionnée par celle de femmes au foyer, fortes, mais cantonnées dans ce rôle. Découvrir ces figures féminines Nkisi, magiciennes, positives, déterminées et puissantes, m'a émerveillé. Conseillères secrètes des rois, leur activité était d’ordre et d’importance communautaire. Leurs histoires ont illuminé mes recherches.

A travers ce projet NKISI, j’aimerai mettre l’accent sur les invisibilisées, les femmes fortes du monde entier, des intellectuelles, des artistes, des femmes au foyer, … Sur un plan personnel, réaliser ce projet serait pour moi l’occasion de développer un travail qui questionne mes racines et ma carrière en Europe. Et sur un plan plus universel, interroger nos relations avec la spiritualité. J’ambitionne faire un spectacle envoûtant, basé sur le saisissable et l'insaisissable.

 NKISI nous plonge dans un rituel dansé, de divination, jouant des mystères et des légendes africaines en miroir de nos réalités contemporaines, à la limite du fantastique. Que veulent dire ces pratiques divinatoires dans le monde contemporain ? Quelles sont les femmes Nkisi d’aujourd’hui et avec quels mondes seraient-elles reliées ? Comment raviver cette flamme du rituel magique de nos jours ?

Un voyage entre science-fiction et croyances ancestrales

Dans leurs pratiques magiques, les rois Mfumu communiquaient entre tribus sans se déplacer, en utilisant un miroir dans leur rituel de transmission de pensées. Cette manière de communiquer me renvoi à nos conversations en visio et à la communication digitale. À l'époque des Mfumu, aurait-on appelé cela de la magie, de la sorcellerie ? Ou bien l’on n’y aurait simplement pas cru ? La frontière imaginaire entre progrès et magie me paraît encore aujourd’hui très ténue. Serait-il venu le temps du Nkisi, transcendant les mécaniques froides de l’espace digital ?

Afin que tous ces univers soient présents sur scène, j’envisage le spectacle comme une sorte de vaisseau qui transportera le public dans un monde différent et complexe. Un monde de pouvoirs, de super-héros et super-héroïnes. Un voyage auquel l’on s’abandonne totalement, comme dans un rêve éveillé où s’affrontent les mondes physiques et psychiques.

Origines du tabou et spiritualité

Pour être admise comme femme Nkisi, il fallait participer à un bon nombre de cérémonies initiatiques. Le Mfumu (roi) organisait des cérémonies où ces femmes étaient appelées à voir l'avenir, à faire des prédictions. Elles avaient comme accessoires un miroir et des statuettes. Le miroir leur permettait d'entrer en communication avec le monde visible et invisible. C’était pour elles une sorte de troisième œil qui ouvrait leur regard sur le monde mystique. « Les yeux sont le miroir de l'âme ».

À l'époque, toutes ces pratiques étaient considérées comme des démonstrations de bravoure. Les femmes Nkisi étaient vues comme les salvatrices de la tribu. Elles avaient le pouvoir de sauver, guérir, protéger, avertir et purifier. Mais ces pratiques pouvaient aussi être détournées pour faire le Mal. Le côté sombre du Nkisi s’appelle dans ma langue Kindoki. Kindoki est une énergie négative et sombre, une énergie de destruction en communication avec les démons. Aujourd'hui, on ne retient plus que le pouvoir néfaste du Nkisi.

Je ressens aujourd’hui le besoin de rappeler la beauté et la bienveillance de ces choses interdites, en mémoire de nos ancêtres qui ont écrit ces histoires. J'aimerais montrer l’aspect lumineux de ces pratiques ancestrales qui ont été bannies, et par ce geste sont devenues insaisissables, indescriptibles et tabous. Je me suis penchée sur les travaux de recherche de l’historienne Khyra Malika Daniels, qui ont confirmé mon intuition de départ de l’immense potentiel qu’offre la redécouverte de ces cultures oubliées. (...)