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Les merveilles du multilinguisme: synthèse de la première soirée

04.04.22

Ceci est une synthèse des sujets principaux discutés le 8 février 2022. En analysant les compte-rendu des groupes et les remarques des participant·e·s, nous avons remarqué que la plupart des idées et questions pouvaient être rassemblées comme suit :

  • À propos du terme « langue maternelle » 
    • La langue maternelle est encore souvent un tabou culturel. On attend généralement des parents, auteurs·rices, artistes qui travaillent avec la langue… d’être loyaux à une langue « maternelle » ou « native » qui établirait leur identité (culturelle, nationale…), alors qu’iels sont parfois plus à l’aise lorsqu’iels utilisent une autre langue.
    • La langue maternelle est un concept monolingue (voir Yasmine Yildiz) qui a perdu de sa pertinence pour beaucoup de monde, en particulier pour celleux qui grandissent dans des contextes et familles plurilingues. De plus en plus de personnes ne peuvent pas se reconnaître dans une seule langue maternelle.
    • Qu’est-ce que les préférences et connaissances linguistiques de quelqu’un nous disent réellement sur sa personne et son travail ?
    • Beaucoup ressentent le besoin d’un nouveau terme (au lieu de « langue maternelle ») qui représenterait mieux la complexité de la réalité dans laquelle iels vivent.

 

  • L’aliénation d’une personne envers une langue pour des raisons politiques ou autres
    • Délaisser une langue, ne plus s’y identifier, que ce soit par choix personnel ou à cause de pressions (culturelles, économiques, politiques) subies dans de nouveaux contextes.

 

  • Écrire, créer, performer dans d’autres langues que la « sienne » peut ouvrir un nouvel espace de créativité
    • Comment ? Sous quelles conditions ? 
    • Les erreurs (dues à une maîtrise incomplète de la langue) peuvent aussi mener à des résultats innovants.
    • À combien d’erreurs a-t-on droit lors de l’usage d’une autre langue avant de perdre en crédibilité et en confiance en soi ? Jusqu’où va la tolérance des autres ?

 

  • La politique et la poétique de la non-traduction dans un contexte artistique
    • Apprendre à gérer des moments de non-compréhension et les intégrer à l’expérience artistique (en arts de la scène, cinéma, littérature…)
    • Si dans des activités ou textes plurilingues, il n’y a pas de groupe dominant du public qui « comprend tout », on crée une expérience de complémentarité et d’égalité.

 

  • Langue et générations
    • Le plurilinguisme peut renforcer les liens entre les générations, mais également créer des conflits intergénérationnels.
    • Beaucoup d’enfants perdent le lien émotionnel avec leur famille à cause de problèmes de communication de plus en plus compliqués lorsqu’il n’est plus évident d’avoir une langue commune.
    • Entre la langue de l’école et celle pratiquée à la maison, des différentes attitudes se développent.
    • C’est un point d’honneur, de fierté et de renforcement positif.
    • Les langues officielles (de la culture, l’éducation, la politique, les médias) vs. comment les langues « de la vraie vie » quotidienne fonctionnent et évoluent.

 

  • Langues et relations de pouvoir 
    • Il y a toujours une hiérarchie (parfois cachée) entre les langues. Certaines langues reçoivent plus de pouvoir et de prestige (ex. l’anglais et le français) alors que d’autres se retrouvent sous pression en temps de migration et de globalisation.
    • Il y a une continuation de la mentalité coloniale : les migrant·e·s apprennent la langue du pouvoir (dans leur nouveau pays) mais les privilégiés ou expats ne trouvent pas nécessaire d’apprendre la langue des migrant·e·s ou la langue locale.
    • L’éducation plurilingue, à l’école ou dans le foyer, et la conscientisation sur le plurilinguisme aident à éliminer le sentiment de supériorité monolingue déplacé.
    • Notre position et comportement face à certaines langues doit être repensé et décolonisé.
    • Pourquoi l’arabe ne pourrait pas être une alternative au cours de grec ancien à l’école ?

 

  • Langues en évolution, émergentes et en voie de (et sociolectes, dialectes, créoles…) face à la globalisation 
    • Comment une langue (dialecte, sociolecte…) peut-elle survivre si la culture à laquelle elle appartient est menacée ?
    • Les langues peuvent être oubliées, mais pas vraiment ‘perdues’.
    • Les artistes peuvent trouver des manières pour faire revivre des langues, dialectes, sociolectes…
    • Mais il faut aussi une volonté politique forte pour maintenir les langues en vie. 
    • Dû à la migration et à la globalisation, divers hybrides voient le jour, de langues et d’identités. Quel avenir et quel impact ont ces hybrides, et comment va-t-on y réagir ?
    • La créolisation est-elle l’avenir des langues ?
    • Quelle est la responsabilité des auteurs·rices face aux langues qu’iels utilisent ?

 

  • La joie de l’être plurilingue
    • Le plurilinguisme est vu trop souvent comme une complication, ou une capacité réservée à l’élite — mais en réalité, c’est tout le contraire.
    • Il faut une campagne qui souligne le plaisir d’apprendre et utiliser les langues ‘étrangères’.
    • L’accès à de nouvelles langues ouvre les portes vers de nouvelles cultures et de nouvelles manières de vivre la réalité.