Toi, Moi... Tituba

Sorcière noire jugée dans les procès de Salem au XVIIème siècle, Tituba est le point de départ de la nouvelle performance de Dorothée Munyaneza, qui aborde la question de la mémoire et de l’héritage. 

Tituba est un symbole de résistance à l’oppression, à laquelle Maryse Condé a donné vie avec son livre Moi, Tituba, sorcière… en 1986. Pour lui rendre hommage, ainsi qu’à toutes les voix et les corps effacés, tus et meurtris par l’oppression coloniale, Dorothée Munyaneza dépeint une archive corporelle capable de collectionner et d'honorer les vécus nés de la dispersion.  

Sur un texte de la chercheuse en philosophie féministe Elsa Dorlin autour de Tituba, l’artiste évolue entre ombre et lumière, brouillant la frontière entre le présent et l’absent, dans un costume et une scénographie conçue par la plasticienne Sophie Coudert. Elle est accompagnée par les voix distantes d’archives orales, fil de transmission fragile auxquelles le compositeur et oudiste Khyam Allami restitue la puissance. 

Toi, moi, Tituba est un solo collectif, pensé comme une traversée, celle d’un espace hybride à la fois africain, américain, européen, caribéen, espace de traces, de rêves et de violences.  

 
• Chorégraphe, directrice artistique, auteure, musicienne, Dorothée Munyaneza (Kigali, 1982) développe une oeuvre ardente. Elle part du réel pour saisir la mémoire et le corps, porter les voix de celles et ceux qu’on tait, pour faire entendre les silences et voir les cicatrices de l’Histoire. Munyaneza s'est récemment produite au Kaaitheater avec Mailles, et revient avec sa dernière création.