Das Wohltemperierte Klavier
Entre l’opéra et le roman
Pour son cycle Das Wohltemperierte Klavier (Le clavier bien tempéré), Jean-Sébastien Bach (1685-1750) a procédé de manière encyclopédique. Pour chaque ton (il y en a douze, qui correspondent aux douze demi-tons de l’échelle chromatique), il a composé un prélude et une fugue, chaque fois dans les deux modes principaux de l’époque : en majeur et en mineur. Cela équivaut à 12 x 2 x 2 = 48 compositions. Et comme il y a deux livres, cela fait un total de 96 œuvres brèves.
Chacune de ces 96 œuvres a un profil, un caractère, une dynamique et une durée qui lui sont propres. Étant donné qu’elles sont composées selon un système tonal, elles possèdent également chacune leur propre « motif ». Alain Franco : « Je les considère comme autant de “nouvelles” que je relie les unes aux autres par le biais de principes de montage pour ainsi parvenir à une forme qui oscille entre l’opéra et le roman. J’essaie d’insérer de la sorte une forme donnée dans une forme spéculative. Telle est pour moi la définition de l’Histoire, à savoir un entrelacement de décisions : celle d’un auteur ou d’un compositeur et celle de l’interprète. Auteur et interprète portent chacun une part de l’Histoire. Un auteur est l’interprète d’une époque et un interprète est l’auteur d’une performance. Une forme n’est jamais donnée dans sa totalité, mais ne naît et n’existe qu’en tant que transmission. »
• Alain Franco est pianiste et chef d’orchestre. Il a travaillé comme dramaturge musical avec, entre autres, Anne Teresa De Keersmaeker et Meg Stuart.