Piracema

Sur scène, onze corps roulent, ondulent et culbutent telle une vague, tel un flot continu du début à la fin : Pororoca*, un spectacle de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues que nous avons présenté l’année passée dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, a surpris par sa vivacité, son engagement, sa force. À présent, Lia Rodrigues nous revient avec une nouvelle création.

Piracema* est à nouveau une pièce pour onze danseurs, dans laquelle les relations entre le groupe et l’individu – un thème déjà abordé dans Pororoca – sont approfondies. Cette fois, les histoires personnelles des danseurs sont le point de départ : de petits faits du quotidien aux grands rêves et désirs les plus fous. Les performeurs s’approprient le vocabulaire gestuel puissant et énergique de Rodrigues : du choc imaginaire de leurs rêves et émotions et du choc physique de leurs corps naît spontanément une intense communauté.

Depuis 1990, Lia Rodrigues et sa Companhia de Danças travaillent à partir de leur port d’attache à Maré, l’une des plus grandes favelas au cœur de Rio de Janeiro. Leurs activités ne se limitent pas à la création et les répétitions de chorégraphies. La Casa de Cultura que Rodrigues y dirige accueille aussi une formation de danse : outre les cours pour débutants et pour professionnels, elle y organise des ateliers, des conférences et des débats. Les activités sont gratuites ou très peu chères : ainsi, elle essaie de constituer un nouveau public issu des bidonvilles. L’ensemble de sa pratique réunit l’artistique, le social et l’éducatif. Elle est convaincue que par le biais de rencontres et de débats, d’ouverture et de recherche, de nouvelles formes de société peuvent être forgées à long terme dans lesquelles les plus défavorisés peuvent trouver leur place.

* Dans la langue des Indiens Tupi ‘pororoca’ désigne les vagues qui
viennent de l’océan et remontent l’Amazone à contre-courant. Le mot
‘piracema’ désigne le pénible voyage, toujours à contre-courant, que les
poissons effectuent pour aller frayer.