Bedrog

« Un homme et une femme se retrouvent dans un café. » C’est par cette phrase d’une banalité absolue que commence Bedrog (Betrayal, 1978) de l’auteur dramatique, scénariste et prix Nobel de littérature, Harold Pinter. La pièce traite d’un triangle amoureux « classique » entre Emma, son mari Robert, et le meilleur ami de ce dernier, Jerry. Sept ans durant, Emma trompe Robert avec Jerry. Sept années, résumées en neuf scènes, dans lesquelles la passion et la médiocrité, le goût de l’aventure et la routine, les mensonges et le désir, la trahison et l’aveuglement entrent en conflit. De sa main de maître, Pinter métamorphose ce fait divers en un texte de théâtre magistral. L’intervention dramaturgique majeure concerne la chronologie : Bedrog se joue selon un ordre chronologique inversé. Le spectateur sait donc d’emblée « comment l’histoire se termine ». Cela lui donne tout le temps de se concentrer sur le langage parcimonieux mais virtuose de Pinter. Cela permet aussi d’accorder toute son attention aux comédiens/personnages.

Un bijou du répertoire théâtral anglo-saxon du XXe siècle. Et trois rôles délicieux pour des comédiens non moins délicieux : les membres de STAN Jolente De Keersmaeker et Frank Vercruyssen sont rejoints par Robby Cleiren (de Roovers).