Over de kunst

Grande fraîcheur

Maatschappij Discordia est une compagnie de théâtre néerlandaise fondée en 1982 par, entre autres, Jan Joris Lamers et Matthias de Koning. Son premier spectacle, An Ideal Husband d’Oscar Wilde, était interprété par une distribution exclusivement composée de metteurs en scène masculins (outre Lamers et De Koning, Gerardjan Rijnders, Frans Strijards, Ger Thijs, Titus Muizelaar et d’autres). Le projet est entré dans la légende et a ouvert de nouvelles pistes, non seulement en matière d’interprétation, mais dans la manière d’aborder le répertoire de textes théâtraux aussi. L’approche permet au comédien d’acquérir une grande autonomie, le texte est lu collectivement autour de la table, avec une très grande attention, les répétitions sur scène sont réduites au minimum pour maintenir la plus grande fraîcheur possible lors de l’interprétation devant le public et l’on établit un lien libre et ouvert avec la tradition théâtrale.

Cette nouvelle méthode de travail, dont Maatschappij Discordia est le promoteur de choix, a fait des émules. Des compagnies comme STAN, De Roovers, Compagnie Marius, Dito Dito en Flandre et ’t Barre Land, Dood Paard et Monk aux Pays-Bas doivent une fière chandelle au travail innovant de Maatschappij Discordia. Toutes ces compagnies travaillent, ou ont travaillé, sans metteur en scène : au cœur du processus se situe la relation autonome que les comédiens engagent mutuellement avec le texte. Ainsi naît une dramaturgie collective, présentée de manière aussi spontanée que possible au public. Dans le cadre des conventions établies, le comédien garde toute sa liberté d’action, ou de non-action, pendant le spectacle.

Dans le passé, Maatschappij Discordia a par moments réuni des membres des compagnies mentionnées ci-dessus sous le nom/dénominateur De Vere, pour interpréter pendant une ou deux semaines le plus de textes possible parmi ceux que ces comédiens ont un jour rêvé de présenter sur scène en les étudiant un minimum. Maatschappij Discordia est devenu un concept, tant en Flandre qu’aux Pays-Bas : elle est la « gardienne » du patrimoine de textes de théâtre par la multitude d’auteurs qu’elle a fait découvrir au public. Elle ne s’est pas limitée à Shakespeare ou Tchekhov, elle a aussi sélectionné des noms moins connus du répertoire, comme Sardou ou Scribe. La compagnie a joué de nombreuses pièces de Thomas Bernhard, mais aussi de Peter Handke et des textes néerlandophones contemporains de Judith Herzberg, Gerardjan Rijnders, etc.

En 2001, Maatschappij Discordia s’est vu rayer de la liste des compagnies néerlandaises subventionnées. Elle a continué à jouer localement, mais n’a plus pu partir en tournée et a quasi disparu des scènes flamandes. La dernière attribution de subventions l’a cependant réhabilitée, et la voilà qui nous a d’emblée surpris avec un spectacle passionnant « autour » de Beckett.

Le Kaaitheater est heureux d’à nouveau les accueillir. À l’heure actuelle, on ignore encore quel spectacle elle nous présentera : les « Discordians » préservent la fraîcheur, à tous les niveaux.