Rosas danst Rosas

Un classique

En 1982, Fase d’Anne Teresa De Keersmaeker était une révélation en raison de l’impact du vocabulaire gestuel répétitif postmoderniste. Un an plus tard, la toute jeune chorégraphe crée encore la surprise avec Rosas danst Rosas dont la composition est d’une force remarquable. Cette production marque aussi la naissance de la compagnie Rosas : la distribution – Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda et Nadine Ganase – en constitue les quatre premiers membres.

Rosas danst Rosas connaît d’emblée un immense succès international et se produira d’innombrables fois dans le monde entier. Considéré aujourd’hui comme un classique, il demeure une valeur sûre au répertoire de Rosas. Au cours des 25 années qui la séparent de sa création, la chorégraphie a été régulièrement réapprise par une nouvelle distribution. En 1997, Thierry De Mey en a réalisé une version filmique dans laquelle il réunit les diverses distributions, et donc générations. Aujourd’hui, 25 ans après, Anne Teresa De Keersmaeker reprend sa place sur scène et danse avec trois membres de la deuxième génération, Cynthia Loemij, Sarah Ludi et Samantha Van Wissen.

Au début, quatre femmes sont alignées à l’arrière de la scène, dos au public : leur premier mouvement est une chute, vers l’arrière et en se retournant en même temps. Elles chavirent quasiment. Dans la première partie, la seule musique est celle du corps : le souffle et le frottement contre le sol. Dans la seconde partie, on entend la musique que Thierry De Mey et Peter Vermeersch ont composée à l’époque évoluant en parallèle avec la création de la chorégraphie.

Rosas danst Rosas contient une préfiguration des champs de tensions qui caractériseront l’œuvre de De Keersmaeker : le contraste entre structure rationnelle et émotion significative, la dialectique entre agression et tendresse, l’interaction entre unisson et contrepoint, uniformité et individualité.