like there's no tomorrow

Le plaisir et l’angoisse de la perte

like there’s no tomorrow est le nouveau projet de groupe du jeune chorégraphe autrichien Philipp Gehmacher. Le titre peut s’interpréter de diverses manières. Il peut être compris comme une incitation à jouir du moment présent, à « cueillir le jour » dans un esprit hédoniste, mais on peut aussi y lire « l’angoisse du lendemain », le refus de penser à ce qui nous attend et pourrait perturber la joie fragile de l’instant. La référence à la situation sociale actuelle de l’être occidental est évidente : le plaisir que nous offre le confort d’aujourd’hui a pour corollaire l’angoisse de la perte ; sur notre insouciance se projette l’ombre d’un monde que nous ne comprenons plus et d’un environnement qui nous menace.

Pour la première fois, Philipp Gehmacher ne sera pas en personne sur les planches. Clara Cornil et David Subal, avec qui il a déjà travaillé pour le spectacle Incubator, et Rémy Héritier collaborent à la création de like there’s no tomorrow. Gehmacher y approfondit l’exploration du langage physique qu’il a développé dans Incubator avec ses danseurs. Être couché, assis et debout, placer le corps dans l’espace, tel un objet, mesurer l’espace avec un bras ou avec d’autres « gestes »…, voici quelques « termes » reconnaissables du vocabulaire gestuel de Gehmacher. Même les caisses noires que forment les enceintes acoustiques interviennent dans l’image scénique : les danseurs les déplacent dans l’espace et transforment ainsi leur propre environnement à travers le son. Cette fois, les tenues quotidiennes que portaient les performeurs dans Incubator font place à des costumes qu’ils arborent comme un bouclier, devenant ainsi des objets qui contribuent à déterminer la gestuelle et les mouvements.