5. Pourquoi tant de questions ?

Les derniers mois, de nombreux processus de création ont été mis en suspens ou interrompus. Outre la déception, ce vide a aussi suscité une conscience renouvelée que l’art est plus qu’un produit fini. On peut aussi voir l’art comme une attitude, une manière d’inverser librement les choses, de combiner les éléments, une façon absurde d’aborder la connaissance. L’artiste et éducateur uruguayen vivant à New York, Luis Camnitzer, appelle cela Art Thinking : l’art comme manière de penser, de regarder et de répondre à des questions essentielles. Dans cette optique, l’art n’est pas réservé aux seuls artistes, mais relève d’un domaine où l’on peut partager des questions avec le public.

Voilà pourquoi nous avons invité les artistes de notre programme à partager les questions qui sont à l’origine de leurs projets. Kyoko Scholiers : « Comment le temps agit-il sur notre fragilité et notre étrange faculté à encore et toujours parvenir à nous redresser après chaque coup de massue ? » Maria Jerez et Edurne Rubio : « Si nous vivons le théâtre comme un microclimat doté d’une série très spécifique de conditions atmosphériques, quelle sorte de dialogue pouvons-nous établir entre nous, humains, et des phénomènes naturels ? » Bwanga Pilipili : « L’imaginaire est-il politique ? » Diederik Peeters : « Quelle place donner à l’incompréhensible, au surnaturel – et aux fantômes que nous portons en nous ? »

À la fin du mois d’août, nous pourrons vous présenter notre programme d’automne intégral, complété de spectacles, de conférences et d’activités à petite échelle… et d’autant de questions bien entendu !

how to be many in the city? in society? in a theatre?
how to be many and have an impact?
how to be many on earth — together with other species and nature?
how to be many within ourselves?
how to give voice to many — and listen to each other?

– ESTHER SEVERI, AGNES QUACKELS & BARBARA VAN LINDT