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Speculations

performance
08.02.2014

Des humains et des choses

Dans l’exposition Making Things Public (2005) et le livre qui l’accompagne, le philosophe et sociologue français Bruno Latour donne sa vision d’une « politique des choses ». Comment étendre le concept de la représentation au-delà de sa dimension exclusivement humaine dans notre démocratie représentative ? La politique traite du monde dans son ensemble : par conséquent, le Parlement ne représente pas seulement le peuple, mais des « choses » aussi. Au cours des dernières années, inspirées par les travaux et la pensée de Bruno Latour, Mette Ingvartsen a travaillé à une série de spectacles dont la chorégraphie s’articule autour de « l’action non humaine ». Ainsi Ingvartsen ne porte pas que le corps du performeur à la scène, mais fait aussi intervenir des objets et du matériel en tant qu’acteurs à part entière. Nous reprenons les quatre spectacles qui ont découlé de cette recherche.

Evaporated Landscapes, la première chorégraphie d’Ingvartsen pour des matières telles que la mousse, le brouillard, la lumière, et le son. Celle-ci adopte la forme d’une relation entre les éléments éphémères qui flottent dans l’espace et s’y dissolvent. En tant que spectateur, on a finalement l’impression de prendre la relève des mouvements oscillatoires des matériaux. L’ensemble baigne dans une atmosphère de sérénité et de calme, de fascination et d’émerveillement, comme face à un miracle de la nature.

The Extra Sensorial Garden est une invitation à entrer dans un jardin fictionnel où tous les sens sont stimulés. Accentuée par l’imagination du visiteur, cette déambulation assure une expérience physique intense. S’il n’y a pas toujours beaucoup à voir, il y a d’autant plus à ressentir. Les modulations de la lumière, des couleurs, de la température, et des sons génèrent un tissu sensoriel a cour de cette expérience artificielle. Comment vit-on la nature ? Comment nous submerge-t-elle ? Comment nous apaise-t-elle ? Ou bien faut-il se dire qu’il n’y a plus de nature ?

• Dans Speculations, fiction, spéculation et description sont mises en jeu pour nourrir le public d’idées. Si le corps qui évolue sur scène fait partie du spectacle, la chorégraphie se déploie toutefois sur le terrain du langage et dans l’imagination du spectateur. Bien que le spectateur ne participe pas de manière active, son rôle est indispensable à la réalisation de la production. Le langage et l’action sont mis sur pied d’égalité dans le spectacle virtuel qui se déroule dans l’esprit du spectateur.

The Artificial Nature Project est le dernier spectacle de la série. Une nouvelle rencontre entre humains et choses, partant des questions suivantes : « Quel est le sens d’une chorégraphie dans laquelle le mouvement humain n’est plus au cœur de l’attention ? Comment peut-on manipuler des matériaux et des objets de sorte qu’ils se meuvent comme des humains ? Et quelle est la relation entre le monde animé et inanimé ? » La scène est jonchée d’objets et de matériaux divers que les danseurs mettent en mouvement. L’ensemble donne ainsi l’impression de former une masse étourdissante de choses qui semblent vivantes, mais ne sont pas humaines.

concept and performance Mette Ingvartsen | production management Kerstin Schroth | production Mette Ingvartsen / Great Investment | support Summer Intensive 2011 (Christine De Smedt/les ballets C de la B) and DOCH (University of dance and circus, Stockholm)

IMAGINE 2020
Presented by
Kaaitheater Imagine 2020