Desh (the second part of the night)

La chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker a développé depuis quelques années une fascination pour la spiritualité et la richesse structurelle de la musique indienne traditionnelle, tant dans sa modalité vocale qu’instrumentale. Cet intérêt pour la musique orientale est né et s’est approfondi par le biais de la musique jazz composée par des musiciens occidentaux, comme John Coltrane par exemple, suite à leur découverte de la musique de l’Inde et des raga. Le mot raga signifie humeur, climat émotionnel, couleur. Ils expriment souvent une certaine nostalgie : l’adieu au soleil au début de la saison des pluies, l’absence de l’être aimé…

Desh est un spectacle en cinq volets composé d’un duo, un solo, un trio, un solo et un trio. Anne Teresa De Keersmaeker et le jeune chorégraphe espagnol Salva Sanchis ont créé les phrases des mouvements qui forment la base de la chorégraphie. Les deux chorégraphes dansent sur la scène et Marion Ballester complète le trio. Les mouvements narratifs alternent avec les gestes abstraits ; les phrases préétablis avec les improvisations. La voix humaine, la flûte et le tabla dominent la musique choisie ; dans la composition India de John Coltrane, sur laquelle danse Salva Sanchis, le saxophone soprano aux sonorités pures s’inscrit dans la ligne du patrimoine culturel indien. Le jazz et la musique indienne ont également en commun l’usage de l’improvisation autour d’un thème ou d’un cadre. Coltrane n’était pas uniquement attiré par les qualités artistiques des compositions indiennes, mais aussi par leur nature spirituelle. Dans la philosophie hindoue, l’origine de l’univers perceptible réside dans le son, les vibrations, cette pulsation essentielle omniprésente, sans début ni fin.