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Benjamin Vandewalle

Interview
22.12.16

La version abrégée de l'interview avec Benjamin Vandewalle.

Benjamin Vandewalle a achevé ses études à PARTS en 2006. Son oeuvre étudie la perception de l’espace et du mouvement dans des contextes différents, autant dans la salle de théâtre que hors les murs. « Tout comme certains sans-abri que quasi tout le monde connaît et qui contribuent à déterminer l’identité de la ville, je veux également faire partie de l’image de la rue. »

Dans l’espace public, on analyse les possibilités d’un chorégraphe urbain. Comment concrétisez-vous cette idée ?

Aller au théâtre est un choix délibéré, auquel on se prépare. Il n’en va pas de même avec l’art dans l’espace public. Les boîtes à images d’Interview paraissent très anodines, par exemple, mais en faire l’expérience – qui est inattendue – peut avoir un effet considérable. En tant que chorégraphe urbain, une dénomination que j’ai moi-même choisie, je travaille surtout sur ce que j’appelle en ce moment Kermesse de l’art (Kunstkermis). Il s’agit d’un parcours de développement à travers la ville avec différents petits moments de présentation publique. La finalité est une série d’installations et d’interventions, à l’instar d’Interview et de Birdwatching 4x4, étalées sur une période de quelques mois. Ainsi, je souhaite analyser ce que signifie être durablement présent dans l’espace public et établir une relation avec l’environnement. Tout comme certains sans-abri que quasi tout le monde connaît et qui contribuent à déterminer l’identité de la ville, je veux également faire partie de l’image de la rue. À vrai dire, je veux mêler l’art à la vie quotidienne. Cela commence par un tour d’horizon de tout ce qui bouge. Le mouvement entre les gens, le mouvement des gens au sein de leur milieu ou le mouvement en soi. Un bon exemple est Tracking Traces que j’ai éprouvé dans le cadre de Performing Space-platform à Maastricht. Trois jours durant, j’ai poursuivi des gens avec un grand bout de craie. Cela a donné lieu à un bel aperçu de la manière dont les gens se meuvent dans l’espace public. Les lignes et les dessins s’étendaient jusqu’aux confins de la ville. Parfois, des badauds s’approchaient de la place parce qu’ils avaient continué à suivre une ligne qu’ils avaient aperçue. En « soulignant » ce réseau de passants, le passage n’est soudain plus quelque chose de fugace, et incite même le mouvement des autres.

Pourquoi avez-vous accepté une résidence au Kaaitheater et quelles sont vos attentes ?
Je sais que je fonctionne au mieux quand il y a une certaine continuité, mais en tant qu’artiste, les relations avec les maisons et les institutions sont très précaires. Quand un programmateur avec lequel on entretient de bonnes relations quitte l’institution, on perd en partie le lien avec cette maison. Faire partie d’une maison et de sa communauté et y approfondir ses liens avec tout le monde est donc véritablement significatif pour un artiste. Pour moi, cette résidence est avant tout un moyen d’effectuer mon travail avec plus de fluidité, de pouvoir travailler de manière continue à un projet de longue haleine, comme Kunstkermis. Par ailleurs, je souhaite revenir au performeur en moi que j’ai parfois perdu de vue en travaillant dans l’espace public. Il m’arrive d’avoir le sentiment d’être uniquement au service de mon travail. La résidence est donc pour moi une occasion d’à nouveau pouvoir expérimenter. J’ai la possibilité de travailler aux Kaaistudio’s et d’y montrer ce que je fais sans que cela doive pour autant figurer au programme. Ce n’est qu’après coup que je me suis rendu compte de ce qu’était le plus grand luxe à P.A.R.T.S. : on a droit à l’échec, même à un échec cuisant. Aussitôt que la création devient son gagne-pain, on prend nettement moins de risque. Et c’est là que réside le paradoxe, car j’ai entre-temps appris que pour fournir du bon travail, il faut prendre beaucoup de risques. Là où mes « moins bonnes » productions étaient trop contrôlées, à cause d’une recette imaginée au préalable, mes meilleures pièces ont été réalisées quand je suis entré au studio « les mains vides » et que j’ai commencé à créer à partir de certaines idées sans liens particuliers entre elles. Jusqu’à ce que soudain, quelque chose émerge qui, autrement, ne m’aurait pas effl euré l’esprit.

 

Banjamin Vandewalle en conversation avec Lana Willems et Eva Decaesstecker