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Savoir plus - Carte Noire Nommée Désir

Feuille de salle
14.02.23

Ici vous trouvez une description courte du spectacle et la distribution.

 

I N T EN T I O N S
par Rébecca Chaillon


Comme pour une « carte blanche » qui formule une invitation à créer, je veux inviter pour Carte Noire nommée Désir une distribution exclusivement composée de personnes Noires assignées femmes. L’agencement scénique mime un dispositif bi-frontal : un « public » de femmes Noires face au reste du public assiste comme lui, à un spectacle performatif qui traite de la construction du désir chez ces femmes Noires sus-citées. La non-mixité est un outil indispensable à l’émancipation des minorisé.é.s (homosexuel.le.s, Noir.e.s, Femmes...) : cet agencement ne cherche pas à opposer ses publics, mais à mettre en relief ses perceptions (temporelles, spatiales, émotionnelles) différentes selon l’espace occupé et de préciser les contours d’une rencontre entre ces deux« publics ». Car il ne s’agit là que d’orchestrer une rencontre, s’il fallait insister sur ce point.

La matière textuelle, d’abord travaillée avec ma complice Aurore Déon et dont nous mettons en annexe des extraits, jaillira par moments de cet espace performatif, au centre. Nous y interrogeons la manière dont notre désir s’est construit par rapport à des injonctions paradoxales. « Le corps de la femme Noire » : comme s’il n’y en avait qu’un seul et unique. Le titre est aussi un hommage malfaisant à la publicité des années 90 de la célèbre marque de café Carte Noire. Remarquant depuis des années, la multiplication des qualificatifs pour décrire les peaux non blanches en les comparant à des noms d’aliments sucrés ou des boissons chaudes, et poursuivant mon travail déjà largement initié sur mon rapport à la matière et à la nourriture, je n’ai pu m’empêcher de contrecarrer cette ironie du commerce : ces mêmes aliments qui durant la colonisation ont asservi nos ancêtres Noirs - sucre, café, cacao – en scénographiant un espace blanc, laiteux et glacé.

Je compte travailler avec deux artistes plasticiennes, designeuses culinaires, Luz Moreno et Anaïs Silvestro de Tools of Food. Paysages merveilleux - visuels et olfactifs composés de matières glacées, gélatinées, chocolatées et terreuses qui seront utilisées comme des outils de la performance. Dans cet espace, les matières qui fondent seront chronomètres et les décors comestibles seront avalés, partagés dans la temporalité réelle induite par l’acte performatif. Le temps s’étire, comme les mèches de cheveux nattées patiemment aux parois des murs du théâtre, construisant le labyrinthe de ces deux « Alices » noires au Pays des Merveilles. Il est donc question de rencontres : celle, d’abord, de performeuses confirmées ou amatrices dont les pratiques sont comme la mienne, intriquées à leurs histoires intimes, à nous rencontrer autour des questions soulevées ici. Et puis c’est aussi la rencontre d’un public à un autre - afin de dessiner une histoire panafricaine féministe : une Carte Noire... nommée Désir.

BIOGRAPHIE REBECCA CHAILLON

D’origine martiniquaise, Rébecca Chaillon passe son enfance et son adolescence en Picardie. Elle rejoint Paris pour des études d’arts du spectacle et le conservatoire du XXème arrondissement de Paris.

De 2005 à 2017 elle travaille au sein de la compagnie de débat théâtral Entrées de jeu dirigée par Bernard Grosjean et dans sa propre structure : La compagnie Dans le Ventre qu’elle fonde en 2006.

Sa rencontre avec Rodrigo Garcia lui confirme son envie d’écrire pour la scène performative, d’y mettre en jeu sa pratique de l’auto-maquillage artistique enseignée par Florence Chantriaux et sa fascination pour la nourriture.
Elle écrit alors un seule-en-scène L’Estomac dans la peau (texte lauréat CNT/ARCENA dans la catégorie Dramaturgies Plurielles en 2012) ainsi que de courtes formes performatives, programmés dans de nombreux festival de performances mais aussi dans des lieux de diffusions tels que La Ferme du Buisson et la Scène Nationale d’Orléans. Sa création suivante Monstres d’amour (je vais te donner une bonne raison de crier) est un duo avec sa collaboratrice principale Elisa Monteil, autour du cannibalisme amoureux et d’Issei Sagawa.

En 2016, Rébecca participe aux films documentaires sur les performers pro-sex d’Emilie Jouvet My body my rules, et Ouvrir la Voix d’Amandine Gay sur les femmes afro-descendantes. Elle débute aussi sur les écrans avec un rôle récurrent pour une série produite par OCS, Les Grands, réalisée par Vianey Lebasque.

Rébecca Chaillon écrit les textes, danse et performe dans la création de Delavallet Bidiefono : Monstres/On ne danse pas pour rien et travaille avec Yann Da Costa dans Loveless et les Détaché.e.s, avec Gianni Gregory Fornet dans Oratoria Vigilant Animal, Anne Contensou pour Elle/Ulysse, Arnaud Troalic dans Polis.

Son dernier spectacle autour du football féminin et des discriminations, Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, a été crée en novembre 2018 à la Ferme du Buisson, et représenté notamment aux CDN de Rouen, de Dijon, de Montreuil et à la Scène Nationale d’Orléans. En 2019, elle conçoit et interprète avec Pierre Guillois le spectacle Sa bouche ne connaît pas de dimanche – fable sanguine, dans
le cadre de l’édition 2019 de Vive le sujet (festival d’Avignon/ SACD).

En 2020, Rébecca devient artiste associée au Théâtre de la Manufacture - CDN de Nancy, et travaille à un nouveau projet de création : Carte Noire nommée Désir.

 

LA COMPAGNIE DANS LE VENTRE

Depuis sa création en 2006, la Compagnie Dans le Ventre explore les identités féminines, le rapport au corps et à la société. D’abord à travers des pièces d’auteurs, puis par un travail d’écriture plus personnel. Après deux premières créations : 8 femmes et Savantes? dont elle assure la mise en scène, Rébecca Chaillon travaille en 2011 à la création d’un solo/performance : L’estomac dans la peau. Son texte est lauréat de l’aide à la création de textes dramatique du CNT (palmarès 2012) dans la catégorie Dramaturgies Plurielles.

En 2015, la compagnie lance un projet de création autour du cannibalisme amoureux : Monstres d’amour (je vais te donner une bonne raison de crier). Ces deux projets aux écritures plurielles mêlent écriture, vidéo, auto-maquillage et performance pour aborder des thématiques à la fois intimes, politiques et universelles. En novembre 2016, la compagnie fête ses 10 ans lors d’une soirée performative « Plus gros que le ventre » au Générateur à Gentilly et travaille à la production de son nouveau projet consacré au foot féminin : Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute. Douze personnes nées assignées femmes, pratiquant le football ou ayant une pratique scénique du corps dans l’effort, se rencontrent sur un terrain commun : celui de la performance, sportive et artistique. Elles se réapproprient ce sport plusieurs fois confisqué aux femmes, et racontent une histoire politique des corps, des identités féminines et du football.

Deux nouveaux projets sont actuellement en cours de production. Dans le but à demi avoué de voir l’hétéronormativité s’étouffer d’une fausse route malencontreuse, le projet d’Elisa Monteil et Raphael Mouterde : Rivière sale propose une zone partageable d’exploration des désirs et des fantasmes. Le spectacle Carte Noire nommée Désir est une forme performative qui s’intéresse à la construction du désir chez les femmes noires en France.

En parallèle de ces productions qui s’inscrivent dans une temporalité longue, la compagnie est attachée à une spontanéité de la création et participe notamment à diverses manifestations artistiques et militantes avec des formes plus légères et performatives.

La compagnie a également toujours eu à coeur de proposer des dispositifs d’action culturelle et de sensibilisation des publics s’appuyant notamment, mais pas uniquement, sur les créations artistiques de la  compagnie. Cette activité se décline sous différentes formes et outils et sont proposés en collaboration avec différents partenaires institutionnels, éducatifs, associatifs.