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De la Sainte Vierge à la méchante belle-mère

Entretien avec Marieke&Sophia

Entretien
10.03.25

Les 7 et 8 mars, Motherbaby était présenté aux Kaaistudios. De la Sainte Vierge à la méchante belle-mère, en passant par le croqueuse d'hommes : à travers la culture populaire, Marieke&Sophia révèlent les clichés cruels qui caractérisent la maternité. Curieux·ses de connaître leur processus de création, nous avons rencontré ce jeune duo théâtral bruxellois au workspacebrussels.  Un entretien avec Mara Ittel. 

 

Comment avez-vous fait connaissance ?  

Pendant nos études (à la KASK, note de la rédaction), nous nous sommes trouvées dans une fascination commune pour le corps féminin. Et en particulier pour la manière de perturber les scénarios, les significations et les idées que nous associons à ce corps féminin. Nous travaillons toujours en duo, en initiant le processus de travail. Ensuite, nous invitons à chaque fois quelqu'un à entrer dans ce processus avec nous. Dans le cas présent, il s'agit de Kristien De Proost et Alan Van Rompuy. 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus à leur sujet ?  

Kristien De Proost est une actrice fantastique. Elle est d'une autre génération, ce qui nous a intéressées. Nous sommes toutes les trois des actrices sans enfants, mais de générations différentes. Alan Van Rompuy, qui joue du piano dans Motherbaby, a créé la musique avec nous.  

De quoi parle Motherbaby 

En nous intéressant aux scénarios et aux rôles que notre société assigne aux femmes, nous avons naturellement considéré la mère comme un rôle important, voire un rôle clé. Motherbaby est un « musical bricolé » sur la maternité, mais aussi sur ce que cela signifie d'être une fille. Le rôle de mère est soumis à une pression énorme. Bien sûr, la figure maternelle est idéalisée. Mais lorsque cette figure maternelle échoue, elle devient rapidement le bouc émissaire. Il s'agit donc d'une idéalisation sans pitié. 

Comment s'est déroulé le processus de création ?  

Nous avons rapidement constaté que nos recherches étaient devenues trop approfondies, car il s'agit manifestement d'un sujet très complexe. Pour beaucoup, il s'agit également d'un sujet extrêmement émotionnel. Pensez, par exemple, aux régimes d'extrême droite, dans lesquels la mère semble être le seul rôle possible pour les femmes. Malgré l'exhaustivité de notre recherche, nous nous sommes senties très attirées par une image spécifique : celle de la relation ultime et symbiotique entre une mère et sa fille. Cette relation particulière, dans laquelle l'idéalisation devient totale, s'est rapidement retrouvée au centre de la pièce. Ce stéréotype est celui d'une mère qui se consacre totalement et sans réserve à son enfant, et plus précisément à sa fille. En même temps, c'est l'image d'horreur de la mère, the mother gone wrong. Il y a cette idée de la mère surprotectrice, qui se mêle de tout, incestueuse, qui mange pratiquement ses enfants. C'était notre point de départ. C'est une métaphore intéressante, car elle parle à la fois d'amour et d'agression. Nous aimons toujours cette ambiguïté dans notre travail.   

Pourquoi avoir choisi le format de la comédie musicale ?  

Nous avons rapidement eu l'idée de faire une comédie musicale. Ou plutôt une comédie musicale bricolée, parce que nous associons la comédie musicale à un sens du spectacle et à la perfection, ce que nous avons également reconnu dans les stéréotypes liés à la maternité. La comédie musicale était donc une forme appropriée pour ce que nous voulions faire. À un moment donné, c'est aussi devenu un paradoxe : nous avions l'impression que les personnages commençaient à se manifester de plus en plus en tant qu'individus dans les chansons, ce qui était assez amusant. La comédie musicale est l'exemple type du maintien des apparences, mais c'était aussi une forme pour nous de briser ces apparences, de faire tomber les attentes (en ce qui concerne la maternité). Il est également plus facile de chanter les tabous que d'en parler. 

Vous êtes-vous heurtée à certains obstacles au cours du processus de création ? Ou avez-vous dû faire face à certains aspects de la maternité ?  

Nous venions d'obtenir notre diplôme lorsque nous avons commencé à travailler sur cette pièce. Pendant tes études, tu as naturellement beaucoup plus de temps. Comme le thème peut être très vaste, nous avons remarqué par la suite que nous avions en fait besoin de beaucoup plus de temps. Par ailleurs, nous avons tous·tes des relations différentes avec nos mères. Ce n'était pas nécessairement un obstacle, mais parfois une source de confusion lorsque nous parlions de mères différentes. Implicitement, bien sûr, on a aussi ses propres questions à ce sujet. 

Que voulez-vous donner au public avec cette pièce ?  

C'est une bonne question. Dans notre travail, nous essayons toujours de donner un espace à des thèmes qui sont assez tabous, voire douloureux, mais auxquels beaucoup de gens peuvent s'identifier. Dans cet espace, nous voulons permettre à l'ambiguïté et à la large palette d'émotions et d'associations associées au sujet d'exister, sans que le public se sente jugé ou doive avoir une opinion immédiate. Nous voulons aussi pouvoir trouver une certaine joie dans ces thèmes. Il serait bon que le public puisse également ressentir cette espièglerie que nous ressentons nous-mêmes lorsque nous commençons à travailler avec tous ces textes.  

Et si la pièce était un plat ?  

Un plat ? Peut-être quelque chose avec de la gélatine ? Oui, un de ces gâteaux de gelée verte ! En tout cas une couleur un peu moche. (Rires).